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REGARD CITOYEN

Des images de tuerie de Beni, une aubaine pour des commerçants ambulants de Butembo

28 Novembre 2014, 12:23pm

Publié par Umbo Salama

Exposition des photos à la véranda Mutsanga @ Photo tirée sur la page Face Book de Tembos Yotama
Exposition des photos à la véranda Mutsanga @ Photo tirée sur la page Face Book de Tembos Yotama

La vente des images des tueries de Beni ville et Beni territoire mobilise des commerçants ambulants de la ville de Butembo (350 Km au Nord de Goma). Ce commerce qui permet à certains élèves de se payer les frais scolaires vient d’être interdit par le maire ; qui ne prévoit aucune sanction pou les récalcitrants.

Etalés sur des lits de fortune, à même le sol ou encore placés sur des murs des magasins et autres bâtiments,… des calendriers et autres affiches qui diffusent des images des tueries de Beni, sont vendus dans tous les coins de la ville. « Avant c’était des calendriers des images de Jésus ou de Marie qui se vendaient. Avec la défaite du M23 (mouvement du 23 mars, un mouvement rebelle qui a occupé certaines entités du territoire de Rutchuru d’avril 2012 à Novembre 2013), les gens ont beaucoup acheté les images de Mamadou. Aujourd’hui ce sont des images des Beni qui font vendre nos calendriers », explique le prénommé Kibatule, un commerçant ambulant très reconnu dans la fourniture en calendriers en ville de Butembo. Ces calendriers qui sont imprimés à Kampala, en Ouganda, à moins de 100 franc congolais la pièce, sont vendus à 500 fc (cinq fois plus que le prix à l’impression) la pièce à Butembo.

Un métier qui finance les études des enfants

Des jeunes enfants circulent des rues et avenues, mégaphones, à la main, appelant à l’achat de ces outils portant des images obscènes. « Cinq cent franc… cinq cent franc…, », crient-ils à longueur des journées. « En une journée je peux vendre jusqu’à 20 calendriers. Ce qui fait en moyenne 10 dollars que je remets à mon patron. Et là j’ai droit à 1000 ou 1500 Fc par jour », explique Alphonse Kalehire, un jeune écolier qui fréquente la 4ème primaire. Avec cet argent, il se paie le frais scolaire, son père étant un agent de l’Etat, qui ne sait pas nouer les bouts du moi avec son salaire (moins de 30 dollars).

Dans des lieux où ces calendriers sont vendus, l’affluence est grande. Ceux qui reviennent de leurs services ou du marché et même des élèves qui reviennent de l’école,… et d’autres curieux se regroupent autour de ces affiches et calendriers pour acheter ou même pour commenter ces images. Dans plusieurs salons des maisons d’habitation de la ville de Butembo, ces calendriers et autres affiches ont déjà remplacé la peinture. « C’est pour nous une façon d’être de cœur avec des familles des victimes de ces tueries », pense cette dame rencontrée au rond point du monument historique entrain d’acheter un calendrier qu’elle va placer dans son salon.

Interdits de vente sans sanction

Tembos Yotama, membre de la Véranda Mutsanga, un groupe de pression actif dans la ville de Butembo, indique que l’exposition de ces images a des objectifs de mobiliser la population. « La population de Butembo prenait des massacres de Beni comme de la blague quand elle apprenait ces tueries seulement à la radio. Il fallait montrer ces massacres par des images pour que la population de Butembo compatisse avec les habitants de Beni. C’est une façon de dire à tout le monde qu’il doit aussi participer à la sécurité de la ville », explique-t-il longuement. Devant le siège de sa Véranda, un gros tableau sur lequel sont affichés des images de tuerie de Beni. Ces collaborateurs circulent dans la ville et affichent ces photos dans des places publiques.

A l’issue de la réunion de sécurité de la ville de Butembo de ce Jeudi 27 novembre, le maire, Sikuly’Uvasaka Makala, a interdit la vente et l’affichage de ces images sur toute l’étendue de la ville. Il embraye que ces images peuvent avoir des répercussions sur la santé mentale de certaines personnes. Pour appuyer le maire, le bourgmestre de la commune de Kimemi, Gilbert Bwambale Muhanirya, a saisi un lot de calendriers portant ces images. Précisons que la mesure du conseil de sécurité ne prévoit aucune sanction pour ceux qui vont continuer à vendre ou à afficher ces images.

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