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REGARD CITOYEN

L’Ouganda, une porte d’entrée vers un « Nouvel Eldorado » pour des jeunes de Beni-Butembo

17 Décembre 2014, 08:48am

Publié par Justin Lwanzo, Depuis Kampala

Un des endroits publics de Kampala @ Photo Justin Lwanzo
Un des endroits publics de Kampala @ Photo Justin Lwanzo

Avec espoir d’aller vivre dans des pays occidentaux ou en Afrique du Sud, des jeunes de Butembo et de Beni (au Nord-Kivu, à l’Est de la RDC) qui se rendent à Kampala (capitale Ougandaise) disant aller poursuivre des études, se déclarent des réfugiés. Déçus de ne pas éatteindre leurs objectifs, ils ont du mal à retourner en RDC.

Ils sont appelés « Vikingo (des congolais) » ou « Vizaïre (des zaïrois) », des congolais de la RDC qui préfèrent vivre en Ouganda. Ils se font passer pour des réfugiés ressortissant de la RDC pour gagner la confiance des services d’immigration de l’Ouganda. Ils sont très visibles dans des avenues et rues d’Estate, Kirombe, Kevino, Gogonya, Ave Maria,… dans le quartier Nsambya de Kampala en Ouganda. « La journée vous les voyez toujours en veste, on dirait des bureaucrates ou des diplomates à l’ambassade de la RDC. Le soir venu, ils ne peuvent même pas vous conduire là où ils passent la nuit. Ils logent dans des bicoques où ils s’entassent à 10 ou à 15 personnes », s’étonne un agent du département d’enregistrement des réfugiés, à Kampala. Et deviennent aussi des grands choristes dans des Eglises de Réveil de Kampala.

En fait, plusieurs jeunes de Beni et Lubero ont commencé à fréquenter des villes de l’Ouganda durant l’occupation de ces deux territoires par une rébellion appuyée par l’armée ougandaise en 1999. En cette période, des campagnes du genre vivre et étudier aux USA, Canada,… ont emporté des jeunes qui finissaient les études sans aucun autre lendemain. Nombreux sont partis et ne sont jamais revenus… et personne dans la région de Beni-Lubero ne sait dire ce qu’ils sont devenus. Les rares qui reviennent, ne se présentent pas comme des gens qui ont étudiés.

Objectif : aller à Poto, Mikili (Occident)

Dans la capitale ougandaise, ces congolais sont animés par l’ultime souci d’aller en occident (POTO), convaincus que le statut de réfugié leur facilitera la tâche. « Je ne rentrerai plus au Congo, je vais chez les Blancs », jure le prénommé Zawadi, un Congolais originaire de Beni, sortant du bureau du département des réfugiés au sein de la police Ougandaise, où il est allé se faire enregistrer. Même son de cloche pour cet autre, pour qui les conditions de logement importent peu. « L’essentiel est de trouver là où s’allonger et de quoi se mettre sous la dent », déclare Silvie Nzanzu, convaincue d’aller d’ici peu en occident ou en Afrique du Sud. Celle-ci partage une chambre avec seule 12 de ses amies, en attendant la suite de son dossier de refugiée.

Pourtant plusieurs jeunes qui quittent Butembo ou Beni (deux villes situées à l’est de la RDC), quand ils viennent d’obtenir des diplômes d’Etat, annoncent qu’ils vont pour des études supérieures ou pour une formation supplémentaire à Kampala. Nombreux disent qu’ils vont se perfectionner en informatique ou en anglais. « Certains quand ils viennent de passer beaucoup de temps en Ouganda sans s’acquérir le statut de refugié alors qu’ils ont déjà vendu tous leurs biens (parfois à la criée) espérant s’envoler bientôt pour l’occident, ont honte de retourner au Congo », affirme un chauffeur qui fréquente beaucoup la capitale Ougandaise. « D’autres qui retournent au pays ne convainquent pas. Ils s’adonnent au service de piratage et de téléchargement des musiques dans des cartes mémoires. C’est une perte de temps », a toujours dénoncé Wema Kennedy, journaliste dans la région.

Tout est bon pour survivre

L’Uganda et surtout la Ville de Kampala étant l’une des contrées qui ravitaillent une partie de la RDC par des produits manufacturés, des Congolais vivant en Uganda et qui ont déjà maîtrisé la langue Ougandaise, s’adonnent aussi à l’activité de commissionnaire, servant ainsi les commerçants congolais dans l’achat de leurs produits de commerce. Pour la plupart de femmes congolaises vivant en Ouganda, c’est l’importation de l’huile des palmes et de certains épices du Congo qui les font survivre dans ce pays.

Vers la fin de l’année (au moi de novembre) c’est le ramassage et la vente des sauterelles qui permettent à certaines femmes congolaises vivant en Ouganda de survivre. « C’est beaucoup d’argent que je vais gagner quand ma marchandise sera écoulée au Congo », atteste maman Lysa Mwengesyali, une ressortissante de Butembo. D’autres deviennent des servants dans des restaurants ou hôtels, ou des huissiers, etc., « Plus question de rentrer au Congo », déclare sous anonymat un ressortissant de la RDC qui est à sa troisième année en Uganda.

Justin Lwanzo, correspondance depuis Kampala

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