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REGARD CITOYEN

Nord-Kivu : Les minerais de « sang » en baisse

14 Avril 2015, 13:51pm

Publié par Umbo Salama

un site minier de walikale @ Photo Mustapha kemal
un site minier de walikale @ Photo Mustapha kemal

Trente sites miniers sont déjà qualifiés et validés. L’amélioration de la traçabilité de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement de minerais extraits de ces sites vient de lever l’embargo qui pesait sur les minerais stannifères (cassitérite, coltan, wolframite) et même sur de l’or du Nord-Kivu.

Mardi 7 avril 2015, dans le site de Matamba, l’un des sept sites validés du territoire de Walikale, à 26 kms au sud du chef lieu dudit territoire, Julien Paluku Kahongya gouverneur du Nord-Kivu, a officiellement étiqueté le premier sac de 50 kgs de la cassitérite noire. Cette cassitérite est produite par les creuseurs artisanaux regroupés en coopérative. « L’objectif est de lutter contre les minerais de sang. Et donc tous les minerais seront chaque fois étiquetés c'est-à-dire porteront un numéro identifiant les sites ou les puits où ils sont produits jusqu’au consommateur final », fait remarque Julien Paluku. Quelques jours avant (soit du samedi 4 au Lundi 06 Avril) cette même opération venait d’être menée à Etaeto, en territoire de Lubero à plus de 100 Km à l’Ouest de Butembo, sur la route de Mangurejipa-Ombole, par Jean Ruyange, ministre provincial du Nord-Kivu en charges de mines.

Booster l’économie de la province

Au total 30 sites miniers, dont 6 en territoire de Lubero, 7 dans le Walikale et 17 en territoires de Masisi, sont déjà qualifiés et certifiés par le gouvernement congolais. Pour y arriver, « des commissions d’enquêtes composées des délégués de l’ITRI (International Tin Research Institute) et des responsables du service d’assistance et d’encadrement du Small mining ou de la petite mine (SAESSCAM) ont dû procéder à l’inspection des sites, à la traçabilité des mines et à l’audit indépendant », affirme Vincent du projet ITSCI. Pour l’administrateur du territoire de Lubero, Joy Bokele, la validation de ces sites va propulser l’économie de la province du Nord-Kivu.

En effet, en juillet 2010, le gouvernement américain avait adopté le «Dodd-franck Act ». Cette loi exigeait aux entreprises américaines qui utilisent le tungstène (wolframite), le tantale (coltan), et l’étain (cassitérite) et de l’or pour fabriquer leurs divers produits d’assurer et de rendre public l’origine de ces minerais. Les minerais produits dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu étaient frappés par cette mesure, étant donné que beaucoup de sites miniers étaient sous le contrôle des groupes armés.

En 2011, ces minerais en provenance de la RDC sont sous embargo. « Après cette période, on a vu des opérateurs économiques réduits au chaumage. Des commerçants ont fermé des portes de leurs boutiques,… plusieurs secteurs économiques ont été paralysés », avait conclu le GADHOP (Groupe d’associations de défense des droits de l’homme et de paix), dans l’un de leurs communiqués sur les minerais du territoire de Lubero.

Exploitation responsable

En Août 2012, les membres de la Conférence internationale sur la région de Grands Lacs (CIRGL) avaient décidé que les minerais de la RDC, principalement ceux exploités à l’Est du pays, soient certifiés avant d’être vendus. Selon eux, certains minerais étaient utilisés pour financer des groupes armés qui déstabilisent la région. C’est deux ans plus tard, soit en 2014 que la CIRGL avait délivré le tout premier certificat aux mines du territoire de Kalindi au Sud-Kivu.

« Aujourd’hui, nous devons respecter les principes d’exploitation depuis les carrières jusqu’à la consommation finale : des mines, routes de commerce, points d’exportation doivent tous être libres de tout contrôle, taxe, et loin de toute activité illégale par les hommes en armes. On doit aussi interdire les travaux forcés, les travaux des enfants et des femmes enceintes dans des sites d’exploitation », martèle Jean Ruyange. D’autres sites pourront être validés dans la suite, si on respecte les normes de traçabilité…

Umbo Salama

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