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REGARD CITOYEN

Territoire de Beni : Le calvaire des déplacés qui vivent dans des salles de classe

26 Décembre 2014, 12:15pm

Publié par Arc-en-ciel Institute

Territoire de Beni : Le calvaire des déplacés qui vivent dans des salles de classe

Regroupée dans des écoles en cité d’Oicha (à plus de 380 Km au Nord de Goma, à l’Est de la RDC), la population qui a fui, depuis octobre 2014, des villages en territoire de Beni vit difficilement. Dépourvue de biens de première nécessité, cette population garde encore des souvenirs malheureux de tueries dans leurs villages.

Ils ont les traits tirés et la souffrance se lit sur leurs visages. « Depuis que nous sommes là, nous n’avons eu aucune assistance. Rien à manger, pas de latrines ou de soins médicaux », témoigne Kavira Sivaleghana, une dame en provenance du village de Linzo Sisene et qui a fui des exactions des hommes armés identifiés aux ADF (selon le gouvernement, l’armée et la société civile de la RDC) ou identifiés comme des éléments d’une nouvelle milice non encore identifiée (selon d’autres sources), et qui tuent à la machette ou brûlent vifs des habitants dans plusieurs villages en territoire de Beni.

En cité d’Oicha (Chef lieu du territoire de Beni), des milliers de familles qui arrivent petit à petit depuis octobre 2014 vivent dans des salles de classe des écoles primaires et secondaires de cette cité et des centres qu’ils croient « sécurisés ». Ils ont marché 30 et 50 km pour fuir les assaillants qui massacrent la population depuis octobre 2014 en ville et territoire de Beni. Ils sont là abandonnés à eux-mêmes. « Le gouvernement nous avez distribué des vivres, des casseroles et des petites sommes d’argent. Mais cela ne peut nous permettre de vivre avec une famille de 10 personnes », s’inquiète Kavira Sivaleghana.

Pas de nourriture ni du travail

Dans cette zone, l’activisme des groupes armés est permanent. Les populations préfèrent se concentrer dans les grandes agglomérations qu’elles croient sécurisées par l’armée régulière. « Nous avons parfois du mal à nous rendre dans les champs situés à une grande distance du centre pour ne pas se faire tuer ou égorger », explique une femme déplacée venue de Mayimoya, à plus de trois heures de marche d’Oicha-centre. « Et lorsque les militaires désertent leurs positions, nous n’avons d’autre choix que de quitter ces lieux pour ne pas subir les exactions des groupes armés », précise-t-elle.

Les familles déplacées vivent dépourvues de presque tout. Des cris des enfants qui pleurent car traumatisé par la faim interpelle. « Depuis le matin, je ne lui ai donné qu’un morceau de patate que j’ai réservé sur le repas d’hier. En attendant que son père revienne d’où il est allé chercher du travail auprès des habitants, j’essaie de le calmer afin qu’il dorme. Sans succès », soupire Alphonsine Syaghosola. Seules possessions visibles, une petite casserole noircie par la fumée et deux gobelets accrochés à un stick de bois qui sert de pilier. Le soir, père revient avec un petit panier contenant quelques bananes vertes. « Avec mes trois enfants, mon épouse et mon neveu qui est sous ma tutelle depuis que son père a été enlevé par les groupes armés actifs dans notre région, comment ces bananes seront-elles partagées ? », s’interroge-t-il.

Mourir de faim que part des machettes

Malgré ces conditions de vie, ces déplacés ne sont pas prêts à retourner dans leurs villages. Ils conditionnent leur retour par la traque de ces milices qui endeuillent le territoire et la ville de Beni et par la paix totale. Ils gardent encore des images malheureuses des personnes tuées. Fataki Tembo Kidubai a perdu ses 3 amis à Mukoko et n’a pas oublié le tableau des massacres. Il raconte que c’était la nuit du 02 au 03 octobre 2014 que les assaillants sont arrivés dans le village. Il attendait comme si c’était des patrouilleurs de l’armée régulière qui arrêtaient et tabassaient des promeneurs de la nuit. C’est le matin qu’ils ont été surpris de retrouver des dépouilles jonchées dehors. Alors il a décidé de quitter le village.

Ces dernières semaines, la plupart des familles pygmées se sont aussi déplacées de leur milieu naturel, les forets, pour s’installer en ville et dans des agglomérations non favorables pour leur vie. Cette catégorie de population est plutôt habituée à la pèche, la cueillette et la chasse, une activité de subsistance à la quelle ils se livraient en brousse. Avec l’insécurité dans ces brousses, c’est tout un milieu de vie naturelle à cette minorité qui est détruit.

Centre de la cité d'Oicha

Centre de la cité d'Oicha

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