Pas d’avion en 2015 au Nord-Kivu, des voyageurs résignés

Ted en plein vol dans un let de Busy Bee @ Photo Magloire Paluku

Plusieurs compagnies d’aviation pourront être frappées d’interdiction de vol dès janvier 2015. La célèbre compagnie du Nord-Kivu Busy Bee ne sera pas aussi épargnée. Mais les conséquences vont s’en suivre.

Un avion de la compagnie aérienne Busy Bee (l’unique compagnie aérienne dont ses deux avions permettent le voyage entre différentes villes du Nord-Kivu, à l’Est de la RDC) serait déjà sur la liste des avions opérant en République démocratique du Congo (RDC) qui vont voir leur licence d’exploitation retirée, rapporte une source à l’aéroport de Rughenda, en ville de Butembo (une ville qui bénéficie aussi des activités de Busy Bee). « C’est vrai, la compagnie Busy Bee a un sérieux problème au niveau de l’autorité de l’aviation civile à Kinshasa. Le responsable de cette compagnie est déjà de retour de Kinshasa mais il n’a fait jusque là aucune déclaration », indique cet agent de la RVA (Régie des voix aériennes) en ville de Butembo.

Fondée en 2007, Busy Bee a deux avions dont un Let qui n’est plus accepté en RDC. Son deuxième nouvel avion acheté en Allemagne depuis quelques mois a été livré avec un retard et ce qui le préjudicie par rapport au timing des certifications. Un des actionnaires et pilote dans cette compagnie, Monsieur Ted Hoarreau précise que la menace est réelle. Son avion qui est souvent affrété pour différentes raisons humanitaires et même politiques en province du Nord et Sud-Kivu voire en province orientale risque d’être cloué au sol. « D’ici début 2015 le Nord-Kivu risque de ne pas avoir d’avion », affirme-t-il avec regret, malgré ses discours pleins d’humour.

En mars 2014, dix compagnies aériennes opérant en République démocratique du Congo (RDC) avaient vu leur licence d’exploitation retirée. Parmi ces avions figurait la compagnie aérienne CAS (Cetraca aviation service). Depuis, cette compagnie a disparue des airs de la Province du Nord-Kivu. Pour voyager en avion il fallait se rendre à Beni à véhicule (à 50 Km au nord de Butembo) où atterrit un avion de CAA. Cette situation a été décantée par Mango Airlines (qui a fermé quelques mois après) et Busy Bee (qui est actuellement sous menace de retrait de sa licence d’exploitation). « Le dossier est compliqué. Busy Bee va finir par fermer ses portes à moins qu’il y ait des trafics d’influences politiques », explique une source aéroportuaire à Goma.

Des voyageurs craignent déjà pour leur sécurité. Pour Joseph Kibandja on cloue des avions au sol mais on ne pense même pas à sécuriser et à entretenir des routes. « Il y a des pillages et des tueries sur nos routes et des accidents y sont légion. Il faut qu’on nous amène des avions qu’on croit sûrs. Sinon nombreux ne vont plus voyager », pense-t-il.

« Clouer ces compagnies au sol va certainement perturber, dans une certaine mesure, la mobilité des personnes et des biens. Par contre, laisser ces compagnies continuer à opérer expose les vies humaines », a affirme un membre du cabinet ministériel. David Mbogha Syawithe lui n’est pas encore convaincu des arguments avancés. « Qu’on nous clarifie d’abord ces fameux critères de sélection des avions pour que nous sachions si ceux qui continuent à voler en RDC s’y sont déjà conformés. Notre gouvernement doit quand même avoir honte d certaines choses, il ne peut pas ns convaincre qu'il a déjà manqué un partenaire international pour nous amener des avions neufs et conformes au pays », embraye-t-il.

Dans des aéroports c’est du chagrin. A Butembo où il n’y a que Busy Bee qui est l’unique compagnie, les agents commis à cet aéroport prient pour que cette mesure n’aboutisse.

Faute d'avions, les voyageurs seront obligés de passer par ses routes du Nord-Kivu @ photo Léon Shahava

Déjà le gouverneur Julien Paluku a tenté son expérience avant que l'avion ne soit cloué au sol @ Photo Kemal Mustapha