Incursion présumée rwandaise en RDC : La limite entre RDC et le Rwanda oubliée ?

Les autorités congolaises ont confirmé mercredi l'incursion de militaires rwandais en RDC, dans le Nord-Kivu, en plein parc des Virunga. La raison de leur présence n'a toutefois pas été précisée. 22 bornes seront placées pour rendre visible la limite entre les deux pays.

« Une centaine de militaires rwandais auraient franchi la frontière entre le Rwanda et la RDC. Une patrouille de reconnaissance de l’armée congolaise accompagnée de gardes du parc, a pu confirmer la présence de militaires rwandais sur la colline Musangoti, à environ un km à l’intérieur du territoire congolais, à près de 120 km au nord-est de Goma, dans le parc des Virunga », a indiqué le jeudi, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku Kahongya, à la RFI. Au cours de l’opération de reconnaissance, les assaillants ont riposté, faisant un blessé parmi les militaires congolais, selon le gouverneur du Nord-Kivu.

L’incident frontalier a eu lieu mercredi 22 Avril, au Nord-Kivu, dans la zone de Chanzu, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale de cette province voisine du Rwanda, indique le général Léon-Richard Kasonga, porte-parole des Forces armées de la RDC (FARDC). Un groupe assez important de soldats rwandais a fait une incursion sur le versant (ouest) de la montagne et a établi une position défensive à 900 mètres à l'intérieur du territoire congolais, affirme cet officier. Deux compagnies de l’armée congolaise en patrouille ont découvert la position.

Des explications vagues,…

Au sein même de l’armée congolaise, des déclarations ne vont pas dans un même sens. Pour la général Léon-Richard Kasonga, porte-parole de l’armée congolaise : « On a ouvert le feu et les Rwandais sont partis, mais un de nos éléments a été blessé », renseigne-t-il. Joint par téléphone, un autre officier congolais ayant participé aux opérations a affirmé pour sa part que la position rwandaise, sur la colline de Sabinyo, avait été découverte dans l'après-midi par deux pelotons et qu'elle était tenue par une quinzaine d'hommes. « Après les échanges de tirs, a-t-il ajouté, les soldats congolais se sont repliés, mais non les Rwandais qui semblaient toujours présents jeudi matin au vu de la fumée provenant de l'endroit ». Interrogée à Kigali par l’AFP, l'armée rwandaise a refusé de faire le moindre commentaire sur cette affaire.

Le président de la société civile de la même province, Thomas D'Aquin Mwithi, confirme aussi l’incursion de dizaines de militaires rwandais sur la colline d’Ehu, à une trentaine de kilomètres de Goma. « Ils avaient franchi la frontière dans la nuit de samedi à dimanche, se dirigeant vers le parc des Virunga », a-t-il fait remarquer. La déclaration du gouverneur comme celle de la société civile ne renseignent aucunement qu’il s’agit réellement de l’armée rwandaise. « Il n’y a aucune photo qu’on a réussi à montrer à la presse : comment étaient-ils habillés, leurs armes,… Quelle est la preuve qu’ils sont de l’armée Rwandaise ? », interroge un ancien militaire qui était basé dans cette région lors du CNDP. Jeudi 23 avril. A l’issue d’une réunion de sécurité, Julien Paluku Kahongya, gouverneur du Nord-Kivu, annonce à la presse la naissance d’un nouveau mouvement rebelle le MCRC (Mouvement Chrétien pour La Reconstruction du Congo). Selon le gouverneur, ce mouvement est constitué des ex-M23 et du CNDP. « Les réunions des éléments ex. M23 se font à Kigali et en Ouganda dans les hôtels bien connus », précise le gouverneur.

Des limites mal connues

Dénonçant des agissements des troupes rwandaises, Olivier Nduhungirehe, représentant adjoint du Rwanda à l’Organisation des Nations unies « ONU », a qualifié cette situation de « bobard » sur son compte Twitter. « C'est de la foutaise, comme d'habitude ». Pour d’autres analystes, le comble est que les limites entre les deux pays sont connues de peu de gens : « Il y a d'abord le problème de la frontière entre la RDC et le Rwanda. Les limites sont floues et depuis les travaux de la commission qui était chargée de déterminer la vraie limite, les bornes ne sont pas encore placées ». La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs a déployé une équipe pour enquêter sur ces incidents. La bonne nouvelle : cette fois 22 bornes seront placées sur cette frontière…