Carnage en territoire et ville de Beni : les ADF, une piste de diversion

une croix d'interpellation dans un carrefour de la ville de Butembo@ photo Tembos yotama

L’aiguille du compteur des personnes tuées à la machette en ville et territoire de Beni est loin de s’arrêter. La piste des ADF exploitées par le gouvernement congolais ne convainc pas les habitants. Si l’on pouvait chercher le coupable ailleurs…

Dans la nuit de samedi au dimanche 07 décembre 2014, plus de 36 personnes ont été tuées, découpées à la machette et à l’aide des haches dans les villages de Manzanzaba, Ahili et Mulobya, à une dizaine de kilomètres au Nord-Ouest de la cité d’Oïcha en groupement BATANGI-MBAU (à plus de 380 Km au Nord de Goma, à l’Est de la RDC). Ce bilan porte à plus de 250 personnes tuées par des armes blanches en territoire et ville de Beni à l’espace de deux mois (depuis octobre). « Ils sont arrivés vers 18 heures, munis de machettes et des haches. C’était quand on se préparer à aller se coucher. Ils entraient dans chaque case, une après une, et assassinaient hommes, femmes et enfants », raconte un habitant d'Ahili qui s’est échappé. Ses voisins ont été tués, lui a réussi à se cacher dans la brousse.

Dans la première localité, ils ont fait du porte-à-porte, tué à la machette les personnes rencontré sur leur passage. Dans la deuxième localité, ils ont aspergé d'essence la maison du chef du village, qui est mort calciné avec sa famille, son épouse et ses enfants. Au total, lui et dix membres de sa famille ont péri. Dans le troisième village, deux civils ont été retrouvés morts, toujours tués à la machette. Deux heures plus tard, les assaillants sont repartis tranquillement laissant derrière eux plus de trente personnes tuées, pour la plupart à la machette. Cette attaque a provoqué une panique générale et un exode massif des 20 000 habitants du secteur. La population a quitté la zone, craignant qu'il n'y ait encore de nouvelles exactions de l'ennemi.

La société civile, l’armée et même le gouvernement a toujours attribué ces tueries à l’ADF (Allies democratics forces) une rébellion ougandaise. Pourtant avant le lancement des opérations Sokola visant à traquer ces ADF, le gouvernement avait identifié plus de 12 groupes rebelles actifs dans la vallée de la Semuliki, au pied du mont Rwenzori. De tous ces groupes, on ne cite que les ADF comme auteurs des morts perpétrées en ville et territoire de Beni. Une accusation qui n’est pas partagée par tous les congolais.

Des complicités dans les FARDC

Pour la première fois, les assaillants, qui ont toujours attaqué à l'Est de la RN4 sont passés à l'Ouest. Dans toutes ces contrées, l'armée n'y était pas déployée. Pour plusieurs personnes cela ne veut pas dire qu’il s’agissait d’une attaque surprise. « Ces assaillants ont au moins de complices au sein des FARDC et qui leurs renseignent sur le mouvement des militaires et sur leurs patrouilles. On ne peut pas comprendre comment ils attaquent des villages où l’armée n’est pas déployée », insiste un activiste des droits humains et qui pense que des enquêtes doivent commencer au sein de l’armée congolaise.

En fait, la zone de Beni est sur militarisée. Il est de fois difficile que le commandant puisse savoir à chaque moment où se trouvent ses éléments. « Je dirais qu’il faut qu’on procède à l’interpellation des militaires qui arrivent les premiers sur le lieu du crime », suggère un habitant de la cité d’Oicha. Il appuie son argument par le fait que des assaillants opèrent avec des tenus de FARDC. Pour d’autres sources, les tueurs ne vont pas loin des villages attaqués. Ils sont toujours dans le secteur. « Je ne sais pas pourquoi on ne fouille pas toutes les maisons du village. Car après avoir découpé à la machette plus de 30 personnes, on doit être nécessairement fatigué. Et donc si on cherchait tous ceux qui ont l’air fatigué le matin. Ce sont eux les premiers suspects », embraye un agent de sécurité qui a voulu rester anonyme.

200 dollars par personne tuée

Depuis le début de ces massacres, des voix s’élèvent et parlent des milices qui sont en gestation au pied du mont Ruwenzori et dans la vallée de la Semuliki. Visiblement ces milices n’ont même pas envie de prendre un jour le pouvoir à la capitale. « Pourquoi ils s’attaquent toujours à la population du territoire de Beni et non ailleurs. Même les enlèvements se passaient toujours dans cette partie. Pourquoi toujours ici ? », interroge Kakule Alphonse, un étudiant ressortissant d’Oicha. Pour d’autres le mode opératoire de ce groupe vise à dépeupler cette contrée. Mais ils ne savent pas le mobile de ce dépeuplement. Cette zone est aussi riche en minerais et d’autres ressources du sol et qui fait partie du bassin du Nil.

Une source proche de ces groupes armés indique que si leurs éléments sont souples pour découper les gens c’est par ce qu’on leur paie à chacun 200 dollars contre une tête tuée. Et même pour le recrutement on paie les 200 dollars à l’avance. « C’est pou quoi dans cette contrée on trouve des gens qui deviennent riches d’une manière qu’on ne sait pas expliquer », s’exclame un vieillard de Ngadi, un quartier de Beni. Donc les tueurs vivent avec la population….

Comments

[Bradock]

Ces égorgeurs viennent du petit nord selon les rescapés ils ont un accent rwandophone.

[elisha kahongya]

Et si vous dites qu'ils viennent du grand nord,on vous dira que votre place est à la prison car nombreux ne veulent pas que leur identité soit etallé au grand jour!!

[elisha kahongya]

Ce qui se passe en ville comme en territoire de beni montre clairement une autre manière de balkaniser l'Est de la RDC.
Peut- on dire que les FARDC sont incaples de broyer l'enemi?
Qu'est ce qui empeche la brigade d'intervention,d'intervenir comme etait le cas dans le Rutsuru?et pourquoi le gouvernement continue à pointer l'ADF qu'il avait dementelé comme il nous disait à chaque instant lors de l'operation SOKOLA?
en quand notre gouvernement saura que les habitants souffrent et qu'est ce qui manque à ce gouvernement pour qu'il soit capable de decaputer la tête de l'enemi?