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REGARD CITOYEN

Traque des rebelles rwandais : rien n’effraie les FDLR…

13 Février 2015, 10:18am

Publié par Umbo Salama

village de Muhanga, plusieurs fois victime des incursions des FDLR @ Photo Umbo Salama
village de Muhanga, plusieurs fois victime des incursions des FDLR @ Photo Umbo Salama

Le temps passe depuis que l'armée congolaise a officiellement annoncé le début des opérations contre les rebelles hutu Rwandais des FDLR, opérant dans l'Est de la RDC. Mais sur le terrain, rien n'a pratiquement changé, les FDLR continuent de mener des patrouilles. Aucun dispositif militaire des FARDC n’effraie ces rebelles.

«On était quelque part encouragé par l’annonce du gouvernement congolais sur les opérations contre les rebelles FDLR. En même temps, on est quelque peu déçu du fait qu’aucune action concrète n’a jusqu’à présent été prise sur le terrain», s’inquiètent souvent des habitants qui vivent dans des zones contrôlées par ces rebelles. Pourtant, c’est depuis le jeudi 29 janvier que les FARDC (Forces armées de la RDC) ont affirmé avoir lancé des opérations militaires « Sokola2 » pour le désarmement forcé des rebelles rwandais des FDLR. Selon des habitants rencontrés à Muhanga, Bunyatenge, et dans d’autres villages à plus de 200 Km au Nord-Ouest de Goma, à l’Est de la RDC, ces rebelles continuent à patrouiller, armes en mains, et se cachent si des patrouilles de FARDC approchent.

Plus de mille combattants FDLR sont visés par cette opération de l’armée congolaise pour traquer ces rebelles qui s’étaient réfugiés en RDC alors Zaïre, en 1994, à la chute du régime de Juvénal Habyarimana au Rwanda. Il y a plus de 20 ans qu’ils opèrent sur le sol congolais. Aujourd’hui, ils assurent qu’ils ne sont plus un groupe armé, mais un mouvement politique avec comme revendication principale​ : « dialogue avec le gouvernement de Kigali ». « On nous a déjà déclaré la guerre, pourtant vous voyez que sont stockés ici pour être remis à la délégation de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des grands lacs) de la communauté internationale. Si nous n’étions pas sincères, nous devrions déjà reprendre les armes », explique Laforge Fils Bazeze, porte parole des FDLR.

Aucune crainte du côté des FDLR

Ces rebelles rwandais s’étonnent que le gouvernement congolais vient d’interrompre le processus de désarment volontaire sur lequel ils étaient déjà engagés. « Le processus était en cours, malheureusement il vient d’être interrompu par la déclaration de la guerre contre nous. Si non on avait l’intention de remettre toutes nos armes », affirme leur porte parole qui assure qu’il ne s’inquiète de rien face aux déclarations du gouvernement congolais de les traquer, surtout que la MONUSCO vient de mettre une pause dans sa coopération militaire avec les FARDC. « Pour l’instant, nous avons effectivement mis une pause dans la coopération avec les FARDC en attendant qu’on puisse clarifier cette situation », a déclaré mercredi 11 février le porte-parole de la Monusco, Charles Bambara. Cette décision fait suite à l’implication présumée de deux généraux de l’armée congolaise qui participent à ces opérations dans des atteintes aux droits de l’homme. Il s’agit des généraux Fal Sikabwe et Bruno Mandefu.

Autre chose est qu’aucun renfort militaire n’est visible dans la région, contraire aux opérations contre les M23 où les dispositifs militaires inquiétaient l’ennemi. « Nous pensions que des hélicoptères vont commencer à survoler dans le coin pour repérer des endroits qu’ils contrôlent. Mais nous ne voyons rien du tout qui peut inquiéter ces rebelles », s’indigne un notable de Buleusa, à la limite des territoires de Walikale et de Lubero. Seulement quelques bases militaires sont visibles. Ici des commandants disent attendre l’ordre de leur hiérarchie pour lancer les attaques. «Nous n’avons pas d’information sur les opérations qui ont commencé. De notre point de vue, ça n’a pas encore commencé», indique un policier rencontré à Luofu.

Qui est FDLR et qui ne l’est pas ?

Plusieurs clivages sont apparus dans ce groupe armé, accusé de génocide au Rwanda et qui opère dans plusieurs villages des provinces du Nord et Sud-Kivu depuis 1994. Il est devenu une force multicolore et multiforme. Il s’agit des groupes FOCA (Forces combattantes Abacunguzi) qui, à sa création était une branche armée sous le commandement du général Stanislas Bigaruka. Aujourd’hui, cette force se fait passer pour un mouvement politique. Il y a aussi le RUD (Ralliement pour l’unité et la démocratie), constitué des éléments qui contestaient Murwanashaka. Ce groupe est dirigé par le général Jean-Damascène Ndibabaje, mieux connu sous le nom du général Musare. A côté de ces deux groupes figurent aussi le RPR (Rassemblement des peuples rwandais), un mouvement qui est composé des Tutsi et des Hutu. Ils se justifient qu’ils n’ont jamais participé au génocide. Et d’autres…

Toutes ces branches maîtrisent mieux les forêts, les collines et les plaines… des régions où sont établis leurs quartiers généraux respectifs. Pour les FARDC, pas facile de distinguer des FDLR (génocidaires) de non génocidaires, voire de la population congolaise. Le comble est que des FDLR vivent avec la population locale. Certains ont déjà fondé des familles avec des villageoises et d’autres possèdent des cartes d’électeurs. D’autres se sont déjà taillés des hectares des terrains pour y cultiver. Nombreux ne sont pas prêts à dénoncer leurs complices FDLR. « Si je dénonce mon mari, que vont devenir mes enfants. Et moi, comment je vais survivre ? », interroge cette femme, épouse d’un FDLR, visiblement choquée par notre question. Les FARDC savent à quoi s’en tenir. Que la paix revienne…

A muhanga

A muhanga

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