Léopard tué et Beni déclaré sécuriser : coïncidence ?

Le léopard tué en ville de Beni

Jeudi 22 janvier, tard dans la soirée, Nyonyi Bwanakawa, maire de Beni, a levé la mesure portant couvre-feu dans cette ville. Le dernier ennemi est déjà tué. Le maire pense que c’est le léopard qui était l’auteur des massacres...

Des sifflets, cris de joie, des champs de jouissances et des musiques populaires,… ont retenti toute la nuit de jeudi 22 à vendredi 23 janvier en ville de Beni, à plus de 350 Km au Nord de Goma, au Nord-Kivu, à l’Est de la RDC. Les portes de certaines alimentations, des hôtels, Nganda, boîtes de nuit et des bistrots sont restées ouvertes toute cette nuit. Dans d’autres quartiers, comme à Tamende-Kati, des habitants ont placé des écrans géants à l’extérieur pour assister le match qui a opposé la RDC au cap-vert (dans le cadre de la 30ème édition du championnat de coup d’Afrique des nations, CAN). La population de cette ville célébrait la levée de la mesure de couvre-feu.

Joie pour la population pas pour des militaires

Nyonyi Bwanakawa, maire de Beni, indique que certains indices amènent à espérer à une paix durable dans sa ville. « Le conseil urbain de sécurité de Beni-ville en commun accord avec le gouvernement central ont décidé de lever ladite mesure », explique Nyonyi Bwanakawa, intervenant sur la RTGB (Radio télévision graben Beni) une radio locale. Cette annonce a suscité l’extase dans le chef des habitants de Beni qui étaient obligés de se terrer dans leurs maisons à partir de 18 h 30 le soir jusqu’à 6heures du matin. Seuls les éléments de FARDC, de la police et de la MONUSCO pouvaient sillonner les rues et avenues de la ville lors des patrouilles nocturnes.

C’est depuis octobre 2014 que les autorités de la RDc ont institué le couvre feu en ville et territoire de Beni. Il était interdit à la population civile de circuler dans des rues et avenues après 18h30. C’était suite aux tueries par armes blanches qui avaient fait plus de 300 morts à l’espace de deux mois en ville et territoire de Beni. Les contrevenant étaient arrêtés et sommés de payer des amandes exorbitantes. Ce qui était une bonne affaire pour certains éléments de l’ordre. « Des amandes allaient de 100 mille francs (100$) à 500 mille francs congolais (500$). Je vous assure la population a souffert et a été sérieusement tracassée et rançonnée durant cette période. Et personne ne sait justifier où allait tout cet argent. Nous avons droit à des explications,… », se plaint Jean-Paul Ngahangondi, président de la convention pour la défense des droits de l’homme.

Le léopard, dernier ennemi

La veille de la levée du couvre-feu, des militaires de FARDC aidés par des policiers ont tués un léopard qui venait de faire incursion dans la ville. La bête venait de blesser deux personnes dont un enfant et un militaire de la garde du colonel Tito Bizuru, au quartier Malepe. Plusieurs coups de balles et des gaz lacrymogènes ont été tirés pour maîtriser cet animal sauvage. Des curieux qui se sont rendus à la mairie de Beni pour regarder le cadavre de cet animal se sont interrogés sur l’origine de cette bête en milieu urbain. Puis, le cadavre de la bête a été conduit au cachot de l’Etat major de la police. Et pour le contempler, il fallait payer 500 FC.

Les analyses et commentaires vont dans tous les sens au sujet de cette bête. Pour certains, si le léopard a choisi la demeure du colonel Tito Bizuru, ce n’est pas un fait du hasard. Cet officier des FARDC était un des présumés dans l’assassinat du Colonel Mamadou, mais il a été acquitté. D’autres pensent que c’est l’un des résultats de la décision des coutumiers Yira (Une tribu majoritaire dans la région). Ces coutumiers Yira ou Nande avaient décrété la sanctification de la journée de chaque lundi durant plus de 3 mois. « Chaque lundi, depuis le 15 décembre 2014 il faut s’abstenir de l’utilisation des outils de travail des champs en contact avec le sol et de relations sexuelles », prévient le communiqué des coutumiers. Pour Nyonyi Bwanakawa, maire de Beni, « ce Léopard est le dernier ennemi et donc on n’a plus rien à craindre ».

Depuis qu’on a enregistré des tueries par armes blanches dans cette région, des controverses persistent au sujet des auteurs de ces exactions. Pour les FARDC, le gouvernement congolais et la société civile, ces actes est une œuvre des ADF (Des rebelles ougandais ayant leur bastion dans la vallée de la semuliki). Mais cet argument était toujours controversé. « Pas de blessés, des tués ou des capturés dans les rangs des assaillants. Comment conclure aux ADF comme auteurs des massacres ? », interroge un notable de Beni. Et la piste de Nyonyi Bwanakawa qui qualifie le léopard comme dernier ennemi, ouvre un autre débat…