Elections ou développement : Des confusions dans l’exécution des projets

acueil du gouv Julien Paluku à Kanyabayonga @ Photo Mustapha Kemal

Cela ressemble à une guerre de concepts, mais la réalité est là. Déjà des politiciens s’approprient des œuvres des ONG locales et internationales. Le match se joue à la raison du plus fort…

Depuis la publication du calendrier électoral en RDC par la CENI (Commission électorale nationale, indépendante) le 12 février, les hommes politiques qui étaient longtemps devenus rares, comme une éclipse, reviennent vers leurs terroirs. Butembo, Beni et Lubero ne sont pas du reste. Chaque jour, la région reçoit, des visites de différentes personnalités politiques pour annoncer implicitement leurs candidatures. « On savait qu’ils reviendront un jour. Nous ne pouvons pas les interdire, même s’ils n’ont rien fait pour nos villages », se résigne Kasereka Mika, un habitant de Kirumba. Comme dans cette cité, située au sud du territoire de Lubero, à environ 170 Km au Nord de Goma, des passages des personnalités sont reportés dans les médias à longueur des journées dans plusieurs entités administratives de la RDC. Ces personnalités, sans discours préparés au préalable, s’appuient sur des œuvres d’ONG et organismes humanitaires.

A qui croire ?

Ce 29 Avril lors de son passage en ville de Luholu (composée des anciennes cités de Kayina, Kirumba, Mighobwe), le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a annoncé qu’il vient de laisser plus de 300 mille dollars pour l’électrification de cette nouvelle ville. Il y a une année, encore le 10 avril 2014, le député national Venant Kipasa, élu de Lubero, avait annoncé au gouverneur que la Banque mondiale a débloqué une enveloppe équivalente à six cent mille (600.000$) américains pour l'électrification des cités de Kirumba, Kayna et Mighobwe en Territoire de Lubero (http://www.digitalcongo.net/article/99275). L’argent de la banque mondiale, donc sans suite,…

Dans d’autres contrées, des prétendants candidats à tel ou tel siège, qui, il y a peu étaient invités par des ONG pour des cérémonies de pose des premières pierres, de lancement d’une activité ou même pour l’inauguration des ouvrages de ces organisations,… proclament tout haut qu’ils sont des initiateurs de ces œuvres. Il y a encore quelques mois, l’ONG SOPREDU s’est vue ravir la responsabilité d’attributaire de la route Butuhe- Muhila en territoire de Beni.

« En 2011 encore, certains politiciens s’étaient appropriés les adductions d’eau potable, des constructions des latrines, des dons aux déplacés. Cette année, même des députés que nous n’avons jamais vus s’approprient aussi la réhabilitation des ponts, des routes,… Pourtant ce sont des efforts de la population locale avec des travaux communautaires, des cotisations ponctuelles,… qu’on arrive à avoir des routes aménagées », s’indigne un chef de poste d’encadrement administratif, rencontré à Mbingi, à 200 Km au Nord de Goma. « Le comble est que ces ONG laissent aussi ces politiciens bondir sur leurs ouvrages. Les responsables de ces ONG ne sensibilisent pas assez sur leurs activités », embraillent Jean Paul Ngahangondi, de la société civile du territoire de Beni. Des exemples, parmi d’autres.

Elections ou développement? Les deux peuvent aller de paire. Mais la population a besoin des actions et ne chassera personne. Ce n'est pas une guerre des concepts, ni une prétention de procès contre telle ou telle personnalité. Juste raconter pour éveiller les consciences en veilleuse...

Umbo Salama